
Jenny Cartwright
Programmatrice

« Pendant que ce que j’appelle le podcast – faute de mieux et de meilleurs termes pour définir l’art radiophonique – gagne en popularité avec fulgurance, le documentaire sonore prend doucement son envol au Québec. Des vitrines s’offrent enfin. Des occasions, des espaces. C’est donc avec une grande joie que j’ai accueilli l’invitation de Tënk à programmer des oeuvres sonores.
Raconter des histoires par le son, c’est accéder à son pouvoir évocateur infini, qui rappelle celui de la littérature. La liberté de création inouïe qu’offre le genre m’a amenée à en faire mon médium de prédilection dans mon travail de créatrice. Comme auditrice, il m’a permis d’arpenter des endroits où je ne mettrai jamais les pieds, suscitant des images suffisamment fortes pour me donner la sensation de m’y trouver réellement. De les voir.
D’écouter le monde, et de me l’imaginer.
Si j’affectionne tant cette façon de raconter, c’est aussi parce qu’elle permet d’apprendre - ou de réapprendre, puisque ça s’oublie - le temps long et la lenteur. De suspendre la course effrénée qui nous happe, une histoire à la fois.
Je n’insisterai jamais assez sur l’importance d’écouter ces créations au casque pour ne pas rater le fin travail de spatialisation et les nuances. Mieux encore, je propose de les écouter au casque en ne faisant rien d’autre en même temps, profitant de chaque moment de ce cinéma sonore. »
Jenny Cartwright explore les thèmes de l’autodétermination et des inégalités à travers des sujets tels la gentrification, le militantisme, le travail et la pauvreté. C’est à travers ce parti pris pour les personnes mises à l’écart qu’elle tente d’allier poésie et manifestes. Si elle se questionne constamment sur la façon de raconter, passant d’une forme classique au film expérimental et de l’installation à la création sonore, sa pratique reste résolument documentaire. Jenny programme des oeuvres documentaires sonores sur Tënk depuis plusieurs années.