Alors qu’on soulignait il y a peu le troisième anniversaire de l’invasion totale de l’Ukraine, Le choix d’Oleg propose de revisiter la guerre des années auparavant, en 2016, dans le Donbass, à l’est du pays. Le regard intimiste de la caméra offre une incursion au cœur d’une unité de soldats bénévoles russes, où la banalité du quotidien ne rend que plus vive l’atrocité de la guerre. Sur le bataillon, composé d’une poignée de jeunes hommes à peine adultes, plane l’ombre d’une tragédie : celle de la mort d’une partie du groupe, tuée au combat.

Face à cette perte, les jeunes soldats se questionnent. Pourquoi sont-ils partis se battre? Plongés dans les limbes de la guerre, ils réévaluent les idéaux de justice qui les animaient au moment de s’enrôler. Le manque flagrant d’organisation et d’équipement, jumelé à la douleur de devoir ramener aux parents endeuillés les dépouilles décharnées de leurs fils partis trop tôt, appuie le mal-être grandissant et le sentiment lancinant de participer à une guerre fratricide.

Alors que les négociations actuelles entre le président américain Donald Trump et son homologue russe s’apparentent à une simple transaction commerciale entre deux puissances, Le choix d’Oleg remet en lumière le paradoxe idéologique porté depuis plus d’une décennie par la propagande russe, où le discours héroïque sur la “libération” de l’Ukraine se heurte à la réalité brutale du combat. En dépassant la simple dimension stratégique de la guerre, le documentaire plonge dans la tension d'un système de croyances incohérent, et comment celle-ci s'exprime à travers les corps brisés et les esprits fatigués d'une jeunesse égarée.

Fanny Tran
Chercheuse en résidence
Observatoire des conflits multidimensionnels
Chaire Raoul-Dandurand

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