Résumé
Sur l’île d’Anticosti vivent 200 habitant.e.s et 150 000 chevreuils. L’île est connue pour ses naufrages, ses disparitions. Qui sont ceux qui viennent vivre ici aujourd’hui? Que fuient-ils? Que cherchent-ils?
L'avis de Tënk
Dans ce premier long métrage, l’autrice Claire Legendre est cette étrangère. Celle qui monte à bord d’un bateau pour rencontrer le fleuve, figure centrale de l’imaginaire de son pays d’accueil. Celui-ci devient alors une porte ouverte sur l’intériorité, un chemin qui mène à soi. Si plusieurs s'évertuent à le raconter dans toute sa splendeur, ici, il est un monde vaste et inhabité. Les bateaux qui descendent son cours jusqu’au golfe, tel le Bella Desgagnés, sont vides, et plus ils s’éloignent, plus ils avancent vers l’abîme. C’est ainsi que l’autrice dérive, littéralement, jusqu’à l'île d’Anticosti. Elle y rencontre des naufragés modernes, des gens qui ont décidé de quitter la vie urbaine pour s’isoler, loin de tout. En quête de sens ou pour fuir les tentations, ils résident parmi les cerfs, là où de nombreuses épaves jonchent les rives. Si le fleuve inspire les artistes et les vacanciers, il est, pour ceux qui habitent ces contrées lointaines, un mariage avec la dureté des éléments. Les magnifiques images, où dominent les tons de gris, les routes désertes et les austères conifères, se déploient lentement au son des notes mélancoliques du piano de Francis Mineau. L’histoire du fleuve est ici celle des communautés isolées dont les bateaux sont les seuls points de contact avec le reste du monde. Ce film fait partie d’un triptyque multidisciplinaire aux côtés d’un roman et d’une pièce de théâtre. Ce récit initiatique permet à l’autrice de « se fabriquer des souvenirs grandioses. » Il donne la parole à ceux pour qui le fleuve rime avec isolement. Il est un espace sans concession.
Jean-Philippe Catellier
Responsable programmation et diffusion
Paraloeil
Présenté en collaboration avec