Résumé
Formée de boucles visuelles et sonores, cette oeuvre explore des textures organiques mises en relation avec des images tournées en Gaspésie en 1966.
L'avis de Tënk
On pourrait croire, à tort, que le cinéma expérimental et l’engagement social sont incompatibles, comme si ces cinéastes chercheurs vivaient dans un monde parallèle, isolé du nôtre. Sans en faire une généralité, Anne-Marie Bouchard explore, avec Salin, un procédé de pellicule organique créé à partir d’algues vertes, résultat de recherches du Toronto Animated Image Society. Elle met en quelque sorte la théorie en danger, mais elle met surtout en lumière (!) l’importante empreinte écologique qu’exerce le septième art. Conçues d’abord et avant tout pour leurs qualités photochimiques et leur durée de vie conséquente permettant un archivage théoriquement illimité, les différentes pellicules sont par nature un fardeau écologique qui ne fait que s’accumuler depuis leur création. D’où ces récents travaux pour tenter de concevoir une pellicule qui soit à la fois photosensible, précise et écologique. Si cette pellicule n’est pas encore au point, Anne-Marie Bouchard s’inspire malgré tout de ces démarches pour concevoir une œuvre sensible qui puise dans les souvenirs et les parfums généalogiques (ah! cette odeur particulière de la Gaspésie qui sera familière à tous ceux qui vivent le long du fleuve), et en faire un objet amusant et évocateur, à défaut d’en finir avec la pellicule imputrescible.
Paul Landriau
Directeur de la programmation
Festival de cinéma de la ville de Québec