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53 jours
22 min
Ghana, 2009

Production : Obibini Pictures, LLC
Akan, Anglais
Anglais, Français

Les films de Akosua Adoma Owusu



Résumé


Me Broni Ba est un portrait lyrique des salons de coiffure de Kumasi, au Ghana. L’héritage enchevêtré du colonialisme européen en Afrique est évoqué à travers des images de femmes pratiquant le tressage de cheveux sur des poupées blanches mises au rebut et provenant de l’Occident. Le film se déroule à travers une série de vignettes, avec pour toile de fond l’histoire d’un enfant qui a émigré du Ghana vers les États-Unis. Le film dévoile la signification du terme d’affection akan me broni ba, qui signifie « mon bébé blanc ».

L'avis de Tënk


Le récit de Me Broni Ba se déploie à travers plusieurs éléments fictionnels, documentaires et expérimentaux qui s’entrelacent habilement afin de créer une œuvre artistique socialement et historiquement pertinente. Dans ce film, en utilisant les cheveux et la couleur de peau comme représentations des différences raciales, Adoma Owusu raconte l’histoire d’une jeune fille africaine qui, après avoir vécu toute sa vie sur le continent sans ses parents, finit par voyager pour les rejoindre à l’étranger. Lorsqu’elle arrive dans le monde occidental, elle est frappée par la différence du lieu et par le fait que les gens autour d’elle ne lui ressemblent pas, mais ressemblent plutôt aux poupées qu’elle avait chez elle.

Me Broni Ba pose un regard critique sur la représentation et l’appropriation des normes culturelles occidentales dans la société africaine, en mettant en lumière leurs effets néfastes sur les enfants africains au fil de leur croissance. La prolifération des poupées blanches et le manque criant de poupées noires pour les jeunes filles africaines influencent leur conception de la beauté. De même, l’omniprésence des perruques et des cheveux étrangers qu’elles sont incitées à porter pour être considérées comme jolies véhicule l’idée erronée que les cultures occidentales représentent le standard de la beauté. Pour notre jeune protagoniste, cette question devient encore plus marquante lorsqu’elle arrive à l’étranger : elle est réprimandée pour avoir joué avec les cheveux de certaines filles de sa classe. Adoma Owusu adopte ici une approche singulière en inversant le récit raciste traditionnel sur les immigré·e·s perçu·e·s comme inférieur·e·s. La protagoniste établit un lien entre les filles blanches et ses poupées – pour elle, ses poupées ont pris vie.

Me Broni Ba souligne à quel point la représentation des filles africaines et noires – à travers ce qu’elles voient, avec quoi elles jouent, ce qu’elles regardent, écoutent et lisent – est essentielle pour forger une identité noire forte et fière. Le film constitue une critique simple mais dense, non seulement du monde occidental, mais également aux Africain·e·s qui imposent ces cultures et ces valeurs à leurs enfants.

 

 

 

 

Badewa Ajibade
Programmateur invité

 

 

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