Résumé
Snowbirds s’intéresse aux Québécois·e·s du bel âge qui choisissent la Floride comme douce alternative à la rudesse de l’hiver. Avec tendresse et humour, ce film s’attarde à une réalité trop souvent tournée en dérision en proposant une immersion dans l’univers typique des maisons mobiles et motorisés qui peuplent Fort Lauderdale. Un univers où le flamant rose et le français sont rois. Ce documentaire intimiste met en lumière des ainés colorés qui migrent vers les tropiques, en quête d’une société des loisirs qui saura les divertir. Bienvenue dans le french district de la Floride, au paradis du snowbird.
L'avis de Tënk
« Courailler » après le soleil afin de mieux se « prélasser » est leur projet de retraite. Contrairement aux oiseaux migrateurs, les snowbirds du Québec ne partent pas vers le sud pour répondre à des réflexes naturels de subsistance et de reproduction. N’étant plus dans la fleur de l’âge, ils se retrouvent plutôt en Floride pour échapper au froid contraignant et à la solitude supplémentaire que peut apporter l’hiver dans la vie d’une personne aînée.
Cette fuite vers le château fort de Trump ne s’accompagne toutefois pas d’un désir de cautionner les excès propres à la culture américaine. En effet, ces vacanciers renient peut-être le climat québécois, mais il n’est pas question pour eux d’oublier leur provenance et leur culture. Dans ce portrait bienveillant et quasi ethnographique, les protagonistes – majoritairement unilingues francophones et issus de la classe ouvrière – vivent humblement, hors de l’opulence, dans un parc de maisons mobiles et cherchent essentiellement à vivre en communauté et à rester actifs tout en profitant du soleil avec d’autres Québécois·e·s.
Au milieu de ce mode de vie, tout de même influencé par la recherche d’un bonheur préfabriqué et d’une consommation à l’américaine, on n’échappe pas à l’univers kitsch qui anime habituellement la réalisatrice Joannie Lafrenière. Tel un microcosme, on assiste à des scènes qui seraient observables dans un camping d’ici durant la période estivale : des chaises pliantes étalées un peu partout, l’omniprésence de babioles en plastique, des hot-dogs steamés accompagnés d’un bon Pepsi, des corps basanés étendus sur des serviettes défraîchies le long de la piscine, des tournois de pétanque pour garder la forme, et des soirées bingo et danse country pour faire de nouvelles rencontres. La seule différence notable, c’est qu’en Floride le palmier est authentique plutôt qu’un simple pastiche. Lafrenière s’amuse à capter ces symboles et offre en retour un regard affectueux sur le petit monde réconfortant que ces gens se sont créé.
Se faire considérer comme un « ti-vieux », être trop affecté par la maladie pour revenir, ou bien voir le parc être fermé par la gentrification rampante sont des hantises qui surplombent malgré tout ce paradis du quétaine. À la fin de la saison, face au retour imminent au bercail et à la pensée d'éventuellement devoir jouer aux cartes dans un fade CHSLD, on ne peut que souhaiter le meilleur à ces voisins de Floride, et la promesse d’un « tour de ponton » durant l’été.
Danick-André Dubuc
Abonné de Tënk