Dans Un village en résistance, c’est Riace, « la petite lumière du Sud » de la région du Calabre, en Italie, qui fait figure d'héroïne. Face à l’arrestation, puis l’assignation en résidence de son maire Domenico Lucano – soupçonné d’aide à l’immigration clandestine – la petite commune en entier s’indigne et s’élève. Malgré l’incertitude dans laquelle sont plongé·e·s les habitant·e·s du village, du long processus d’enquête au procès tant redouté, les coudes se serrent, dans un élan de solidarité qui n’est pas étranger à celles et ceux qui soutiennent Lucano, persuadé·e·s d’être du bon côté de l’Histoire, malgré la méfiance que tentent d’instiller les mouvements xénophobes qui gagnent du terrain partout au pays.

Comme pour nous donner un aperçu de l’accueil bienveillant réservé à celles et ceux qui trouvent refuge à Riace, le narrateur s’invite à l’intérieur même des scènes, chez les commerçant·e·s qui s’inquiètent de l’avenir de la commune, ou encore, au sein des services d’intégration des migrant·e·s, qui continuent leur travail malgré les coupures financières imposées par le gouvernement. À travers l'œil de la caméra qui déambule dans les ruelles baignées de soleil, le spectateur est lui aussi invité à partager tant les craintes que l’espoir des résident·e·s de la commune, pour qui la résistance ne représente rien de moins qu’une nécessité existentielle.

Fanny Tan
Chercheuse en résidence
Observatoire des conflits multidimensionnels
Chaire Raoul-Dandurand