Résumé
Les parents de la cinéaste Arum Nam font partie de la fière génération 386 qui a joué un rôle clé dans la démocratisation de la Corée du Sud. Désireux de transmettre un monde meilleur à leur fille, son père est devenu fonctionnaire, et sa mère, militante féministe. Mais à 18 ans, la perspective d’Arum bascule avec la tragédie du naufrage du ferry Sewol. En repensant également à des événements comme #MeToo et la destitution présidentielle, Arum s’interroge sur le rôle de sa génération dans la transformation du paysage politique sud-coréen.
L'avis de Tënk
Avec ce premier long métrage documentaire, la cinéaste brosse un portrait de sa famille, inscrit dans l’histoire collective de la Corée du Sud. Appartenant à la génération 386, ses parents ont participé au militantisme politique menant, en 1987, à la fin du gouvernement autoritaire alors au pouvoir, à l’instauration du suffrage universel et à l’institution de réformes démocratiques. Environ 35 ans plus tard, sa mère continue de militer activement, alors que son père, plutôt conformiste, est devenu haut fonctionnaire. Explorant cet écart marqué entre les deux, la cinéaste questionne l’état de cette démocratie et cherche sa propre manière de participer à la transformation de la société, notamment dans le contexte de manifestations liées au mouvement #MeToo. Elle revient aussi sur ce qui semble être un événement marquant dans l’éveil politique de sa propre génération : la contestation populaire envers la réaction jugée inadéquate du gouvernement suite au naufrage du Sewol, en 2014. Cette tragédie a causé la mort de 304 personnes, dont une majorité d’adolescent·e·s. Déployant une approche cinématographique artisanale ancrée dans le journal intime, c’est à travers son expérience personnelle que s’affirme un intéressant point de vue subjectif sur la Corée contemporaine.
Hubert Sabino-Brunette
Programmateur et enseignant