Résumé
Riccetto (Ninetto Davoli) se promène dans les rues de Rome, en bavardant avec des passants et en dansant, une grande fleur de papier dans ses mains. Des images de guerres, de génocides, de protestations sociales, de chefs d’État et de héros révolutionnaires sont ponctuées en surimpression sur sa marche insouciante, tandis qu’une voix off − la voix de Dieu − l’exhorte à prendre conscience du monde. Puisque Riccetto n’écoute pas, Dieu le punit pour son inconscience.
L'avis de Tënk
Pour célébrer le centenaire de l’anniversaire de Pier Paolo Pasolini et les dix ans du mouvement étudiant de 2012 au Québec, Tënk vous propose deux films produits à presque cinquante ans d’intervalle, dans deux contextes de révolte contre la violence capitaliste et l’État, La séquence de la fleur de papier de Pier Paolo Pasolini (1969) et Insurgence du Collectif Épopée (2013).
La séquence de la fleur de papier que Pasolini tourna en un jour à Rome avec Ninetto Davoli fut réalisé en 1968, dans une période marquée par un mouvement de protestation et de radicalisation, dont le cinéma a fait partie. Cependant, ce court métrage n’est pas en soi un film militant : c’est la contribution de Pasolini à un film collectif (Amore e rabbia), une coproduction franco-italienne dans laquelle on avait demandé aux cinq auteurs (outre Pasolini, Bertolucci, Bellocchio, Godard et Lizzani) de revoir l’Évangile sous une optique laïque. Pasolini, tout en répondant à cette demande, propose une réflexion puissante sur la nécessité de l’engagement et de la prise de position vis-à-vis « les choses les plus importantes et dangereuses qui arrivent dans le monde». Il le fait en s’en prenant à la question de l’innocence, en partant d’une parabole, celle du Figuier stérile, qu’il interprète comme suit : « Il y a des moments dans l’Histoire où on ne peut être innocent, il faut être conscient. Ne pas être conscient signifie être coupable».
Rosanna Maule
Professeure de cinéma
École de cinéma Mel-Hoppenheim, Université Concordia
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