Résumé
Des femmes reviennent du fond d’elles-mêmes, luttent pour réussir à se sentir mères. Elles disent dans un texte la déception, le vertige, les abîmes, la honte… Elles racontent comment masquer ce vide émotionnel à l’entourage, comment cet enfant devient un persécuteur, comment arrivent les pensées folles et envahissantes. Et l’envie de mourir. Et aussi pourtant l’amour. Et la difficulté à trouver de l’aide, un accompagnement adapté. Les incompréhensions. Et les injonctions…
L'avis de Tënk
Jenny Saastamoinen orchestre un récit polyphonique dans lequel se livrent des femmes qui vivent mal le début d’une maternité difficile loin de celle, idéalisée, qu’on nous pousse à désirer depuis l’enfance, et à aimer.
« On peut pas le dire. On peut le dire à personne qu’on n’a pas envie de rentrer chez soi pour retrouver son enfant ».
La réalisatrice a recueilli ces témoignages renversants - qui ne le seraient pas autant si on leur laissait parfois un peu d’espace! - et les a rythmés en les faisant rejouer et en insérant habilement le dispositif de l’enregistrement dans le documentaire. Épuré, sans conception sonore autre que la spatialisation des voix, le récit de cette traversée des mères qui ont perdu pied expose avec finesse les doutes, les regrets, la culpabilité, l’impression de ne pas être à la hauteur… et l’envie de revenir en arrière.
En se libérant de la si forte pression de s’épanouir dans le rôle de mère, celles qui osent prendre la parole semblent se libérer du poids de leur effondrement, et éloigner ainsi l'horreur et les cauchemars.
Il est de ces documentaires qui guérissent ; L’effondrement en est un.
À écouter au casque, idéalement.
Jenny Cartwright
Documentariste et artiste audio