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43 jours
94 min
Danemark, Israël, Suède, États-Unis, 2017

Production : Sonntag Pictures
Contenu sensible : scènes de nudité et à caractère sexuel
Anglais
Anglais, Français

Meilleur long métrage documentaire · Festival du film de Tribeca 2017

Libération en mouvement



Résumé


Après une décennie jalonnée de succès, la danseuse américaine Bobbi Jene Smith décide d’abandonner son rôle vedette au sein de la célèbre Batsheva Dance Company, basée à Tel Aviv, pour rentrer aux États-Unis et se concentrer sur une carrière en solo. Déterminée à s’imposer dans un milieu extrêmement compétitif sous son propre nom, elle devra se séparer de son mentor, le directeur artistique de Batsheva, danseur et chorégraphe Ohad Naharin, ainsi que de l’amour de sa vie et collègue de compagnie, le danseur Or Schraiber. Accompagnant les derniers mois de la danseuse en Israël ainsi que son départ déchirant, Elvira Lind livre un portrait complice et à fleur de peau.

L'avis de Tënk


Pendant une grande partie de ce film, sa protagoniste principale, la danseuse et chorégraphe Bobbi Jene Smith, travaille sur une pièce solo intitulée A Study on Effort (une étude sur l’effort). On pourrait dire que c'est un film sur l'ambition d'une jeune femme à réussir, comme le décrivent de nombreux résumés, mais je le vois davantage comme un film sur l'effort déployé pour tenter d'atteindre nos rêves. Dans ce cas, le rêve est de se détacher de la compagnie de danse de renommée mondiale dans laquelle elle a grandi et sur laquelle elle a construit sa carrière jusqu'à présent — la Batsheva Dance Company, dirigée depuis trente ans par son légendaire directeur artistique, le chorégraphe Ohad Naharin — pour créer son propre travail de manière indépendante, à la fois en tant qu’interprète et chorégraphe. Naharin, Monsieur Gaga lui-même, fait plusieurs apparitions dans le film en tant que personnage secondaire, projetant sa propre ombre sur l'histoire de Smith, tant sur le plan interpersonnel qu'artistique, en tant qu'ancien amant/enseignant/mentor complexe. Or pour être clair, ce film ne porte pas sur son œuvre ou sur son héritage. Bien que le premier tiers de Bobbi Jene se déroule dans les terres troublées de Palestine/Israël, ce film ne traite pas directement du conflit qui perdure là-bas; bien que ses implications sur l'art, la culture, la société et les relations interpersonnelles soient bien présentes.

Lind crée ici un bildungsroman de la danse ayant des implications universelles : l'histoire d'une femme moderne et de son émancipation, une artiste âgée de trente ans ayant excellé à interpréter le travail des autres, mais qui est maintenant appelée à trouver ses propres marques, « comme des échos de chair en mouvement », pour reprendre ses propres mots. Le voyage profondément sensuel de Smith la propulse dans un terrain incertain et vulnérable, mais finalement émancipateur et épanouissant. C'est une histoire indubitablement féministe, celle des sacrifices que les femmes doivent inévitablement traverser en choisissant le chemin de la création. Les thèmes abordés par la danseuse sont eux aussi résolument féministes, dans sa recherche infatigable de la dualité du corps entre douleur et plaisir, comme des voies pour comprendre l'indicible expérience humaine, pour voir ce que cela signifie d'appartenir profondément à soi-même et aux autres et de trouver une libération dans le sens corporel le plus pur du terme.

 

 

Aurora Prelević
Écrivaine, créatrice de performances, cinéphile, programmatrice

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