Résumé
Éric a fait le tour du monde en travaillant sur les bateaux. Il semble vivre la vie dont il a toujours rêvé jusqu’à ce qu’il soit emprisonné au Brésil. En attente de sa déportation au Canada, la cinéaste André-Line Beauparlant perce peu à peu le mystère entourant son frère, un homme à l’imagination prodigieuse qui est passé maître dans l’art de la tromperie.
L'avis de Tënk
Pinocchio nous transporte dans une expérience de vertige cinématographique lorsque le protagoniste Éric, le frère de la réalisatrice, se retrouve en prison au Brésil et qu’elle essaye d’en comprendre la raison et de le ramener au Canada. Lors des entrevues avec son frère qui portent sur ses choix de vie nomade, il se confie quant à son désir incontrôlable de mentir et de voler tout en tentant de justifier ses comportements. À cela s’entremêlent des entrevues avec sa famille qui font office de contrepoints aux témoignages d’Éric, de même qu’une mystérieuse conversation téléphonique avec un interlocuteur anonyme du Brésil.
Puisque le montage et le tournage se sont déroulés parallèlement, les événements entourant l’arrestation du frère de la réalisatrice sont venus chambouler l’arc narratif de l’œuvre à maintes reprises. Le film s’est construit en alternance entre le montage, le tournage et la scénarisation et cela a demandé à la monteuse de faire preuve d’une grande capacité d’adaptation. Au cours de ce processus, Sophie Leblond (monteuse) et André-Line Beauparlant (réalisatrice) ont traversé ensemble ces drames familiaux. Elles ont ainsi construit une relation intime et de confiance à travers la réalisation du film. Les choix esthétiques du montage ne font que refléter l’expérience de vertige vécue par les deux confidentes face aux informations contradictoires : un bricolage de récits et d’images qui souvent se contrastent et se contredisent.
Le récit est conçu de sorte que le spectateur se laisse prendre au jeu des mensonges du protagoniste. Leblond, par la finesse de son montage, nous donne envie de faire confiance au frère mythomane de la réalisatrice en nous encourageant à éprouver de la compassion pour lui parce que malgré tout, le personnage est fort attachant. Cette empathie, le spectateur peut la sentir davantage en visionnant son film précédent, Le petit Jésus, puisqu’il permet de mieux comprendre l’enfance du protagoniste et la source de ses mensonges.
Isabela Pincowsca
Membre du labdoc