Clara est danseuse classique, elle est aussi anorexique. Douloureux et complexe, mais étrangement euphorique, son rapport au corps et à la nourriture va bien au-delà des poncifs sur la maladie. La privation d’aliments lui procure des sentiments extatiques (d’où le titre du film) et son enveloppe charnelle, vaisseau de sa création, s’envisage aussi sous le prisme de l’architecture. Enchevêtrant vertigineusement documentaire, fiction et travail mémoriel au plus profond de l’intimité, le premier long métrage de la Brésilienne Moara Passoni est une véritable expérience cinématographique viscérale. La cinéaste s’est inspirée de son vécu pour mêler les éclats de sons et d’images, frôlant l’essai expérimental dans des plans d’une beauté élégiaque. Une vision neuve d’un sujet déchirant qui prouve l’importance de savoir composer avec la voix off, ici sublime vase communicant de la psychologie et de la sensibilité d’une jeune femme qui parlera certainement à toutes les autres.

Zoé Protat
Directrice de programmation, Festival du nouveau cinéma