Ce film a la particularité d’être « multiforme », en ce sens qu’il a pu être applaudi aussi bien dans les festivals de documentaires que d’animation. La réalisatrice propose en effet une œuvre hybride dans laquelle se côtoient des images documentaires, prises sur le vif, et des images réalisées en animation de marionnettes. Il n’y a aucune ambiguïté entre les deux types d’images. Toutefois, il se produit ici une sorte de chimie, dans la mesure où ces deux modes de filmage s’épousent pour donner une œuvre singulièrement organique, cohérente, fluide et complète. Madeleine, c’est cette brave centenaire avec laquelle Raquel Sancinetti se lie d’amitié, allant lui rendre visite au fil de quelques années, la filmant lors de ses passages. Attachante, drôle, Madeleine s’étonne elle-même d’être aussi âgée ! Les passages animés nous amènent dans une aventure rocambolesque, la réalisatrice prenant la décision d’amener Madeleine à la plage. Nous sommes ici dans un environnement bricolé (la plage ayant des allures de Sahara — même un chameau y fait son apparition). Mais ces images animées sont essentielles pour faire ressurgir l’humanité de Madeleine, son sens de l’humour, son appétit de la vie. Madeleine a d’ailleurs raflé un nombre important de prix, dont le Prix du public et le Prix du meilleur personnage aux Sommets du cinéma d’animation de 2023.

Marco de Blois
Directeur artistique
Sommets du cinéma d’animation