Résumé
Un portrait sensible et poétique de la vie réelle et imaginaire d’Antoine, un garçon détective qui court, conduit, anime des émissions de radio et adore les conversations téléphoniques simultanées. On le suit dans l’un de ses plus importants dossiers d’enquête: retrouver madame Rousky. Pendant deux ans, il utilise un micro mini-boom pour découvrir et capter les sons qui l’entourent. C’est ainsi qu’il co-crée la bande sonore de ce film. Antoine, cet enfant non-voyant né cent jours avant terme, est intégré dans le système scolaire régulier de Montréal, avec un succès sans précédent.
L'avis de Tënk
Dans une société bombardée d’images, comment un enfant aveugle construit-il son imaginaire ? C’est la question à laquelle Laura Bari tente de répondre en s’intéressant à l’univers singulier du petit Antoine, cinq ans, atteint de cécité depuis la naissance.
Grâce à une brillante mise en scène, la réalisatrice parvient à glisser du réel vers le monde fictif de son jeune protagoniste. D’entrée de jeu, elle positionne sa caméra à hauteur d’enfant. Nous voilà dans un film d’espionnage où Antoine devient le détective Dec. En compagnie de ses amies Maëlle et Julietta, il longe la trace de la mystérieuse Madame Rousky qui s’est désintégrée dans l’eau.
En alternance, on observe Antoine dans son quotidien. À l’école ou à la maison, l’enfant vit normalement, en plein contrôle de son handicap. Ces incursions dans le réel sont ponctuées de moments de pure poésie : « Madame Rousky, êtes-vous plus près du ciel ou de la terre ? » souffle le jeune narrateur « et je vais vous attraper, avec un million de citrons ! ». La poursuite de l’étrange disparue donne ainsi lieu à un florilège de scènes irrésistibles ou, comme dans une envolée lyrique, se libère complètement la forme cinématographique du récit. À travers sa remarquable enquête, Antoine exacerbe la beauté qui l’entoure. Il nous fait voir le monde sous un angle nouveau, ludique, et en laisse émerger la lumière.
Pascale Ferland
Cinéaste, enseignante et programmatrice