Résumé
Un malentendu linguistique et culturel provoque la torture d’un prisonnier dans les geôles coloniales portugaises en Angola. Inspiré d’une nouvelle de l’écrivain angolais José Luandino Vieira, le premier court métrage de Sarah Maldoror est un témoignage lyrique sur fond du free jazz de l’Art Ensemble of Chicago.
L'avis de Tënk
En 1969, Sarah Maldoror a 40 ans. Après avoir fondé la compagnie d’art dramatique Les Griots en 1956 à Paris, elle part étudier le cinéma à Moscou en 1961. Forte de son bagage théâtral et littéraire, très proche de nombreux artistes impliqués dans les luttes décoloniales africaines, elle tourne son premier film Monangambéee à Alger. Compagne du militant et homme politique angolais Mário Pinto de Andrade, le film relate de façon à la fois symbolique et frontale la torture par l’armée portugaise d’un résistant angolais.
Si la mise en scène ne sacrifie pas la poésie à la lutte, les images demeurent empreintes d’une férocité expressive qui mobilise une saine révolte. Le cinéma de Maldoror se fait ainsi à la fois témoin de mouvements de libération historiquement situés, et porteur d’un plus vaste discours embrassant des valeurs foncièrement égalitaristes et prônant l’abolition des servitudes. Monangambéee était le cri de ralliement utilisé par les militants pour rassembler les villages pendant la lutte anti-coloniale de libération de l'Angola. Le film de Maldoror agit tel ce cri, ralliant sous la force poétique des images un même désir contemporain de libération.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk