Produit en quelques semaines dans le cadre du programme Portraits croisés de L'inis en partenariat avec l’école de cinéma munichoise HFF, Outside Center dépeint la quotidienneté de Desmond, un homme d’origine jamaïcaine établi en Allemagne. De cette rencontre fortuite entre le réalisateur et ce joueur de rugby résulte un court métrage qui va bien au-delà de l’anecdote : on y aborde d’importants enjeux sociaux, de manière aussi sensible que décomplexée.

À commencer par la nécessité de former des groupes – quels qu’ils soient – en non-mixité choisie : les Munich Monks, l'une des rares équipes de compétition sportive et LGBTQ+ du pays, permettant à des personnes queers de pratiquer un sport collectif dans un cadre plus sécuritaire, sans jugement ni discrimination… car l’habit ne fait pas le moine! Le gymnase se révèle alors comme un lieu de confidences, où plusieurs se livrent sur les douleurs du passé et les joies du présent. Grâce à sa terre d’accueil, Desmond est parvenu à s’émanciper et ne ressent plus la pression sociale de taire qui il est. Sans mélodrame aucun, il expose également les tensions de ses relations, qu’elles soient amoureuses ou familiales. Le réalisateur parvient même à capter des confessions sur l’oreiller, permettant ainsi au public d’accéder à la vulnérabilité du protagoniste.

Bien que le film n’aborde pas les questions de genre de manière frontale, il amène le spectateur à réfléchir sur les concepts de masculinité et de virilité. Par l’entremise des plans serrés sur les corps, on pourrait y déceler une pointe d’homoérotisme – un queer gaze aussi puissant que revendicateur. 

Peu importe le club dans lequel il se trouve – qu’il soit sportif ou nocturne – Desmond est dans son élément, bien intégré dans ces communautés. Il n’y a que sur le terrain qu’il est Outside Center.

Anouk Vallières
Responsable des activités éducatives et
coordonnatrice à la programmation
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