Court métrage d’animation documentaire conjuguant avec habileté plusieurs techniques, L’esquisse met en image le récit d’une rencontre inattendue lors d’une séance de dessin vivant. Tomas Cali, artiste et cinéaste rencontre Linda, qui pose alors nue. La narration bilingue portée par les deux protagonistes nous informe sur leurs points communs : toutes deux sont des personnes trans, d’origine brésilienne et ayant immigré en France. L’exode, aussi complexe soit-il, leur offre la possibilité de se redéfinir selon leurs propres termes.

Et c’est ainsi que Linda commence à faire le modèle quelques fois par mois. Son corps nu se dévoile – telle une toile parsemée de tatouages – et dans son cou, on peut lire un mot d’argot dont la définition colle merveilleusement bien à sa peau. Linda est une femme forte et fonceuse, une femme qui ne se laisse pas abattre par les gestes et commentaires transphobes. Linda, comme son prénom l’indique, est belle à voir aller.

D’abord subjugué, le réalisateur parvient finalement à poser son regard: il trace les contours de Linda, ses lignes et ses courbes, jusqu’à trouver un arc narratif. Grâce à une caméra sensible et sans pudeur, il nous invite à participer à une séance de dessin : on ausculte nous aussi Linda sous tous ses angles. Le regard de Cali est aussi bienveillant que politique : avec ce film, il participe à la visibilisation d’un corps trans parmi tant d’autres.

Finalement, cette rencontre est une révélation pour le réalisateur : en apprenant à crayonner le corps de Linda, il a trouvé le courage d’accepter le sien. Son ombre, d’abord gribouillée, se mue en un dessin coloré et rejoint finalement sa muse. 

Anouk Vallières
Responsable des activités éducatives et
coordonnatrice à la programmation
Plein(s) Écran(s)