Dans Bergen, Norvège, Alexia Roc nous entraîne dans un voyage émotionnel et géographique où l’intimité du souvenir se mêle à la dépersonnalisation virtuelle. Une femme, hantée par un événement difficile, entreprend la recherche en ligne de l'adresse exacte de son agresseur, un lieu sauvegardé dans son cellulaire. Le film explore la mémoire, de façon poignante et troublante, au moyen d’une quête de la reconstruction d’un incident traumatique soutenue par des procédés technologiques. L’espace physique de Bergen se superpose à la cartographie numérique, devenant ainsi un terrain de confrontation pour la protagoniste et ses propres cicatrices psychologiques.

Par l’entremise d’une narration minimaliste et percutante, Roc capte l'angoisse persistante du traumatisme. La ville, représentée en noir et blanc, devient un vestige de la mémoire éclatée, avec ses façades de bâtiments aussi distordues et floues que les fragments de son passé. Le processus virtuel, où l’humain est contraint à des représentations informatiques et anonymes, renforce le sentiment de distance et de déconnexion avec la réalité du vécu. Bergen, Norvège est une œuvre introspective, dans laquelle la technologie semble à la fois offrir une voie de guérison et accentuer l’impossibilité de retrouver une vérité salvatrice.

Laurence Gagné-Frégeau
Directrice générale adjointe
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