Résumé
À la suite d’une explosion nucléaire qui transforme la voix de tous les habitant.e.s d’une île, une journaliste finlandaise se rend sur place afin d’y retrouver un ermite aux pouvoirs mystérieux.
L'avis de Tënk
Dans Vole, vole tristesse, Miryam Charles s’attarde à une dépossession fantasmatique du langage. Une île, victime d’un sort, soumet ses habitant.e.s à la dissolution intérieure : tous se mettent à parler d’une même voix. Et une journaliste finlandaise venue sur place enquêter est soumise au même sort : « Je parle comme eux. Eux comme moi. » Dès lors, c’est l’île entière qui, « en se mettant à parler d’une même voix » avale l’Autre et inverse le rapport colonisateur / colonisé. Et de l’union de ces voix identiques s’élève un chant d’espoir, qui appelle de ses vœux la prochaine étape; celle où chacun.e retrouvera sa voix.
Si la libération d’un peuple passe inévitablement par la question du langage, la libération individuelle ne peut en faire l’économie. Miryam Charles nous livre un chant de puissance dans ce court film; elle trace une voie unique dans le cinéma québécois par le biais d’une fiction expérimentale qui s’approprie les éléments du langage cinématographique pour en éclater l’usuelle grammaire. Et nous savons tous au fond de nous combien il est dur de ne pas céder à la paresse d’exister avec les mots des autres. Charles nous cède un peu de son courage.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk