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56 jours
92 min
Cameroun, 2005

Production : Quartier Mozart Films
Français
Anglais

Les films de Jean-Pierre Bekolo



Résumé


Film de science-fiction et thriller érotique, Les Saignantes suit deux travailleuses du sexe qui tentent de se débarrasser du cadavre d’un de leurs clients, un leader politique. Comme à son habitude, Jean-Pierre Bekolo mélange les genres dans ce film hybride, qui tient à la fois du film de vengeance féminine, de la dénonciation antisexiste et de la critique ouverte de la corruption systémique de la politique camerounaise.

L'avis de Tënk


Les Saignantes est un film politico-dystopique réalisé par le cinéaste africain afro-futuriste Jean-Pierre Bekolo. Tel qu'il est abondamment documenté, l’œuvre de Bekolo remet en question les normes et formes cinématographiques conventionnelles, notamment la dichotomie entre fiction et documentaire, redéfinissant les récits et perceptions africaines à travers une narration expérimentale et éclatée qui provoque et interpelle les spectateur·trice·s. Les Saignantes est sorti en 2005; son histoire se déroulant vingt ans dans le futur. Même avec une analyse critique contemporaine, le film reste un thriller érotique de science-fiction audacieux et stimulant qui ne recule pas devant la controverse ni devant le fait de subvertir les attentes. Il s’agit d’un film en avance sur son temps. Avec une bande-son et une musique originale inoubliables, des schémas d'éclairage variés et des palettes de couleurs frappantes, le film, à travers deux travailleuses du sexe interagissant avec des responsables gouvernementaux et des politiciens, dénonce la corruption de ces derniers, de la police, de l'État et de la population en général au Cameroun.

La critique que le film dresse au sein de sa narration n’utilise pas le cadre historique ou colonial pour aborder les facteurs responsables de la situation politique en Afrique, mais s’adresse directement aux Africain·e·s eux-mêmes. Rejetant l’afro-pessimisme africain, le film met en lumière le rôle que les Africain·e·s ont joué dans un système sociopolitique souvent défaillant, le réalisateur utilisant alors le Cameroun comme étude de cas. Il est également à noter que, bien que parfois sous-jacente ou contre-intuitive, la thématique centrale du film est l’émancipation des femmes, mettant en évidence le pouvoir que celles-ci sont capables d’exercer sur les hommes, ainsi que la faiblesse et la fragilité des soi-disant hommes puissants en contraste. Le film explore également l'inanité de l’intention masculine d’objectifier les femmes pour réaffirmer leur prétendu contrôle sur elles, ainsi que les mythes et les traditions africaines concernant le pouvoir que les femmes peuvent détenir, leur force générale et leur défiance, soulignant leur importance cruciale dans tout discours sociopolitique africain.

 

Badewa Ajibade
Programmateur invité

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