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56 jours
68 min
France, Royaume-Uni, Zimbabwe, 1996

Production : JBA Production
Français, Anglais
Français

Les films de Jean-Pierre Bekolo



Résumé


Dans une ville d’Afrique du Sud, des voyous ont pris possession d’une salle de cinéma où ils projettent uniquement des films américains. Un cinéaste soucieux de promouvoir le cinéma africain décide de reprendre le contrôle de la salle afin d’y programmer des films correspondant à cette ambition. Sa démarche va se heurter à l’hostilité du groupe. Un méta-discours sur le cinéma et la domination des œuvres non-africaines sur les écrans africains.

L'avis de Tënk


Le complot d'Aristote est un film satirique hybride réalisé par Jean-Pierre Bekolo. L'hybridité se manifeste ici sous plusieurs formes : on y trouve à la fois des éléments fictionnels et documentaires, ainsi qu'un mélange de réalisme et de formalisme dans le style, sans oublier le double niveau de narration – externe et interne – du film. Comme on le sait, le cinéma de Jean-Pierre Bekolo n'est pas seulement expérimental ou narratif, c'est un type de cinéma en constante recherche de sa propre identité et de sa forme, se contentant finalement de laisser cette question à la perception du public.

À l'époque de sa sortie en 1996, très peu de films sur les réalités africaines avaient su capter les nuances de la satire en utilisant une véritable forme cinématographique hybride. Le réalisateur est capable d'aborder une variété de réalités sociopolitiques africaines qu'il n'aurait pas pu explorer dans un format documentaire standard. Pour le public, la mise en abyme du film accentue encore davantage son hybridité, en reconnaissant la forme non fictionnelle de la narration extérieure, qui est ensuite complétée par la forme fictionnelle de la narration intérieure. La narration externe, où le cinéaste s'attelle à réaliser un film pour commémorer 100 ans de cinéma, comme il a été chargé de le faire par les Britanniques, constitue en grande partie l'histoire du film lui-même, le rôle de Bekolo en tant que cinéaste et la raison de sa production. Une satire pure est utilisée ici à la place de la fiction pour la narration externe. Bekolo saisit ensuite cette occasion pour créer une narration interne politiquement chargée, où il peut commenter l'histoire du cinéma colonial sur le continent africain, l'influence du cinéma occidental en Afrique, y compris l'interdiction précédente faite aux Africain·e·s de réaliser des films africains, et l'héritage cinématographique colonial des Britanniques sur le continent. Le présent est également abordé, notamment la perception des cinéastes africain·e·s dans le cinéma mondial, toujours considérés comme des « jeunes, prometteurs et remplis de potentiel » jusqu'à ce qu'ils vieillissent et deviennent des « ancêtres ». Cependant, il est important de noter que la narration intérieure du film pointe du doigt non seulement les colonisateurs, mais elle s’en prend aussi aux Africain·e·s eux-mêmes, qui ne parviennent pas à reconnaître cette influence sur leurs propres goûts cinématographiques.

 

Badewa Ajibade
Programmateur invité

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