Résumé
Dans un hôpital public argentin, de jeunes femmes sont filmées lors de consultations. Enceintes, venant d’accoucher ou hospitalisées en raison d’avortements à risque, elles s’entretiennent avec les membres du personnel. Issues de contextes d’extrême pauvreté, souvent vulnérables, nombre d’entre elles subissent des violences liées à leur genre. Certaines ont déjà eu des enfants à un très jeune âge. Pour d’autres, l’idée d’être mère est terrifiante. Dans de nombreux cas, cependant, l’avortement n’est pas une décision qui va de soi. Niña mamá dépeint les désirs, les tensions et les peurs qui entourent la maternité forcée et les avortements clandestins.
L'avis de Tënk
En Argentine, toutes les trois heures, une jeune fille de moins de 15 ans est contrainte de donner la vie. Alors que le milieu militant tente de faire légaliser l’accès à des avortements sécuritaires et gratuits, de nombreuses jeunes femmes, souvent victimes de pauvreté et de violence sexiste systémique, doivent mener à terme leurs grossesses non désirées. Tourné dans l’intimité des salles de consultation d’un hôpital public, le documentaire d’Andrea Testa révèle quelques-unes des histoires cachées derrière les statistiques. Dans un noir et blanc sobre et toujours à la bonne distance du visage des adolescentes, la réalisatrice observe leurs interactions avec les travailleuses sociales qui tentent de les aider à gérer des situations familiales compliquées, des relations violentes et la réalité accablante de la maternité à un jeune âge. Bienveillant et dénué de jugement, le personnel, que l’on peut entendre mais que l’on ne voit jamais, les encourage à imaginer un avenir meilleur malgré la fragilité de leurs rêves.
Charlotte Selb
Programmatrice et critique