Appelez-le Jacques, mais souvenez-vous de son nom de baptême complet, composé de prénoms si souvent retrouvés dans les baptistaires de la province qu’ils se sont transformés – pourrait-on dire – en pastiches d’eux-mêmes. Qui est donc cet homme ordinaire, qualifié de mammifère au cœur brisé par son narrateur, si ce n’est le reflet d’une société en mal de changement?

À l’image de son cinéaste, ce portrait documentaire aux accents philosophiques et anthropologiques tire dans tous les sens et ne s’en gêne absolument pas. Des extraits chantés se mélangent à des segments de fiction, et pendant que poésie et commentaires politiques s’échangent le micro, les procédés de mise en abîme, se nourrissant d’ironie comme d’humour, ne sont jamais bien loin.

Ludique dans sa forme, l’œuvre de Bernatchez n’en est pas pourtant joyeuse. Riche en remarques mélancoliques à la « où s’en va le monde », captées sur fond d’élections nationales, le récit invite à la réflexion. Espoir et marasme; deux revers d’une même médaille?

Jason Todd
Directeur artistique
Tënk