Résumé
Des fragments de films Super 8 trouvés dans une ambassade montrent des réfugiés politiques qui organisent leur vie en transit dans ce territoire d’asile après un coup d’État militaire dans un pays inconnu.
L'avis de Tënk
Marker écrivain.
Marker militant.
Marker observateur à distance, analyste-poète des réalités, extraterrestre ultrasensible venu du futur qui filme, tristement fasciné, les agitations de compagnons d’un autre temps.
Marker mélancolique, de celui qui a tant aimé, tant espéré, et qui voit, désolé, partir en lambeaux les paysages de ses rêves.
L’ambassade, ce « film trouvé » est un film qui résonne étrangement dans la filmographie de Marker. Genre de fiction-tract ou documentaire d’anticipation réalisé pour le premier festival de films en Super 8 ayant eu lieu en décembre 1973 à Paris, ce moyen métrage traduit toute la désillusion d’une époque. Il se situe au croisement de tous les Marker, comme un testament de milieu de vie, un message oublié dans une bouteille, un sursaut de l’idéalisme des années 60 qui disparaît.
Intellectuel.le.s, militant.e.s et « professionnel.le.s de la politique » sont réuni.e.s dans une ambassade au lendemain d’un coup d’État. Septembre 1973, quelques semaines avant le tournage, c’est la chute tragique d’Allende. Marker invente un dispositif à l’intersection des pays et des temporalités pour témoigner du basculement vers un après, le passage d’une frontière.
« Comme dans toutes les prisons, on s’imagine parler d’ailleurs en parlant d’avant. »
La ville qu’ils avaient connue libre, c’est la ville de leurs rêves piétinés. À présent, ce sont les chiens de la bourgeoisie qui tiennent le pouvoir, et ils ne le lâcheront pas.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk