Tender Fictions est inauguré par l'affirmation « Construisez votre autobiographie avant que quelqu'un ne le fasse pour vous! », déclaration qui annonce le thème central du film : la construction de soi-même.

Hammer affronte cette question de plain-pied. Fidèle à son approche ludique, non linéaire et expérimentale, elle recourt à la performativité, à la fabulation et à l'autoréférentialité comme moyens de construction de soi. Elle conçoit un collage sonore et visuel composé de photos d'amant·e·s – ancien·ne·s et actuel·le·s –, de citations de textes féministes, de vidéos personnelles, d'entretiens avec sa famille et ses ami·e·s, d'émissions de télévision et même des extraits de ses propres films, y compris des passages de ses premières œuvres datant de la fin des années 1960 : Schizy, Death of a Marriage, Yellow Hammer et Contribution to Light. Fonctionnant comme des archives inépuisables, ces images retracent l'évolution de sa carrière et fournissent des preuves visuelles de sa vie et de son travail.

Dans un effort visant à restituer un aspect perdu ou négligé de l'histoire, Hammer situe son propre lesbianisme au sein d'un amalgame complexe de traditions personnelles, culturelles, politiques et familiales, et apporte ainsi une contribution essentielle à la construction de l'histoire des lesbiennes.

« Si j'ai mis à l'écran une "vie lesbienne" aux XXe et XXIe siècles, c'est pour y mettre un personnage non figé, transparent et évolutif, autant influencé et façonné par l'époque dans laquelle il/elle/nous/je/vous vivez que déterminé par une illusoire construction de soi. » (Barbara Hammer, HAMMER! : Making Movies Out of Sex and Life)

Bouchra Assou
Programmatrice et archiviste
Responsable du développement des marchés anglais à Tënk