Résumé
Plus de 100 personnes rencontrées dans des refuges pour sans-abris, des banques alimentaires, des programmes d’alphabétisation pour adultes et des centres de formation professionnelle à Los Angeles et dans la région de la baie de San Francisco discutent de leurs expériences de la pauvreté. Pourquoi sont-elles pauvres ? Comment le ressentent-elles ? Comment et où devrions-nous agir ? Les nombreuses entrevues sont assemblées pour former un compte rendu polyphonique de la pauvreté en Californie, racontée de l’intérieur. Long Story Short explore la montée de la pauvreté et des inégalités sociales aux États-Unis, en utilisant les outils de l’économie du partage pour amplifier les voix des personnes les plus vulnérables.
L'avis de Tënk
À l’heure où les médias socionumériques résonnent de confidences et de propos intimes lancés à tous vents dans l’espace public, Bookchin emprunte et détourne ces plateformes pour faire entendre les voix d’un monde parallèle que nous côtoyons sans le voir.
La construction sonore et visuelle sophistiquée de "Long Story Short" rend visible et presque tangible de quoi sont faits les jours et les heures des personnes vivant dans l’extrême précarité aux États-Unis. C’est une mosaïque sans enluminure, mais riche de détails que dévoilent celles et ceux qui ont accepté de se raconter devant la caméra de Bookchin. Comment trouver du travail quand on a tout perdu ? Comment trouver un endroit où dormir ? Et si on a un logis, comment assurer le loyer ? Dans quel quartier vit-on ? Quelles relations sont possibles avec les voisins ? Bref, comment défendre son droit d’exister quand on vit dans la vulnérabilité? Il est aussi question d’argent, de fierté, d’honneur chez ces êtres victimes d’une économie au calcul glacial.
Par un montage d’une extrême et maniaque précision, le témoignage intime de chacun des protagonistes se répercute sur celui des autres et, s’y arrimant, révèle ainsi les liens qui constituent le champ du social.
Diane Poitras
Cinéaste et professeure en pratiques documentaires