Résumé
Par la force de la parole de femmes reprenant le pouvoir sur leur vie après avoir subi de la violence conjugale, Sortir de l’ombre braque la lumière sur les récits de vie émancipateurs de Québécoises inspirantes originaires de l’Afrique. Loin des préjugés, le film brise les tabous en donnant accès à un univers intime méconnu et témoigne du formidable sentiment de puissance que provoquent la fin de l’isolement et l’acceptation de soi. Une plongée lumineuse au cœur d’une quête de guérison personnelle d’une humanité universelle.
L'avis de Tënk
Dans son troisième film documentaire, la réalisatrice montréalaise d’origine togolaise Gentille M. Assih s’intéresse à ses attachantes amies Christiane et Kafui. Toutes deux mères originaires d’Afrique de l’Ouest, ces femmes ont subi de la violence conjugale après leur arrivée au Québec. En immigrant ici, on comprend que les dynamiques dans le couple et la famille changent, notamment lorsque la femme devient l’une des pourvoyeuses du foyer.
La cinéaste a accompagné ses amies dans les moments suivants leurs séparations. Leurs histoires se révèlent de façon naturelle au détour de leurs activités quotidiennes et des échanges avec Gentille. Cette proximité avec les personnages en fait un film intime, empreint d’humanité.
Pour Kafui et Christiane qui ont vécu au sein de cultures où les divorces sont plus rares, on peut imaginer tout le cheminement qu’elles ont dû faire pour en arriver à se séparer de leurs conjoints violents. « On nous fait croire qu’une femme se définit par le mariage », dit Kafui.
Une scène spectaculaire du documentaire incarne toute la problématique vécue par Christiane et Kafui. On y voit la réalisatrice rencontrer un représentant du Centre de développement socioculturel Balimaya à Montréal qui travaille à faciliter l’accueil des immigrant·e·s. Au cours de l’entrevue, l’homme évoque que si la femme mariée reçoit des coups ou même est tuée par son mari, c’est qu’elle l’a provoqué. Cet intervenant transfert ainsi la responsabilité de la violence sur les épaules de la victime. Les propos de cet homme donnent des frissons dans le dos, lorsqu’on sait que son rôle est de conseiller les couples immigrants lorsqu’ils rencontrent des difficultés relationnelles.
Heureusement que Christiane et Kafui ont eu la force de s’extirper de cette ombre. « Une question de vie ou de mort », dit Christiane.
On termine d’ailleurs le film avec des scènes joyeuses, lumineuses, dans lesquelles les femmes sont entourées et épanouies. On célèbre le courageux parcours de ces femmes pour se réapproprier leurs vies. On pense, à la fin : « On ne leur a pas enlevé la joie. »
Christine Chevarie
Cinéaste