Résumé
À partir des textes de l’écrivain afro-américain James Baldwin (1924-1987), le cinéaste Raoul Peck revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Un éblouissant réquisitoire sur la question raciale.
L'avis de Tënk
Avec son titre contenant le mot commençant par la lettre « n », voilà un documentaire qui a tout pour revenir en force dans l’actualité et s’inviter même dans le débat en cours sur ce racisme systémique que plusieurs refusent de voir ou de nommer, puisque c’est finalement bien de cela dont il est question ici.
En 90 minutes, porté par la voix de Joey Starr (Samuel L. Jackson dans la version originale) à la narration, ce documentaire remonte en effet le fil de cette profonde division raciale qui traverse toujours l’Amérique par les mots du romancier James Baldwin, que Raoul Peck met magnifiquement en image. En 2016, le public du Festival international du film de Toronto ne s’y était pas trompé, en lui décernant son People’s Choice Award.
Les souvenirs de l’auteur, sur les événements marquants et sur les grandes figures de la lutte pour l’affirmation des droits des Afro-Américains s’entremêlent dans une langueur appelant au calme et à la réflexion, avec les images d’archives ayant saisi depuis les années 50 cette lutte toujours inachevée 70 ans plus tard.
On y croise Dorothy Counts, mais on y entend surtout Martin Luther King, Medgar Evers ou encore James Baldwin rappeler avec une rage contenue aux Afro-Américains que la liberté n’est pas un droit, mais un devoir. Et par leurs mots, c’est le récit de ces existences en lutte qui se dévoilent à l’écran, celles de ceux qui refusent de ne plus être étrangers dans leur propre maison.
Fabien Deglise
Journaliste au Devoir