Résumé
Récit initiatique réinventé, Damascus Dreams raconte la quête d’une cinéaste à la recherche d’un pays d’origine inaccessible. En entremêlant la mémoire de son père, celle de réfugié·e·s syrien·ne·s et sa propre imagination, Émilie Serri compose un pays qui se situe quelque part entre mythe et réalité, rêve et cauchemar, passé et présent.
L'avis de Tënk
Dans une voiture défilant sur une route révélant un paysage du Québec, la cinéaste pose deux questions à son père sur sa jeunesse et son pays, la Syrie, un pays qu’elle ne connaît que pour y avoir séjourné à quelques occasions, et dont elle ne parle pas la langue. Le père esquive d’y répondre, mais ce film hybride amenuise cette distance en nous transportant dans une mémoire collective fragmentée, composée de plusieurs témoignages d’immigrant·e·s syrien·ne·s, de photographies, d’archives familiales, de reconstitutions poétiques, etc. De cette cohabitation des voix, des approches et des supports s’affirme une parole multiple, avec laquelle la cinéaste dialogue de manière très personnelle et artistique. Très inventif, ce premier long métrage de la cinéaste expérimentale Émilie Serri déploie une réflexion complexe, fascinante et touchante sur la mémoire, l’appartenance, l’identité, le deuil, et les futurs possibles, mais aussi sur la responsabilité éthique de l’artiste et sur le pouvoir du cinéma.
Hubert Sabino-Brunette
Programmateur et enseignant