Résumé
Tourné de 1964 à 1969, Walden fut le premier journal filmé complété de Jonas Mekas, composé de moments, d’événements et d’expériences qu’il immortalisa avec sa caméra Bolex. Portrait épique de la scène artistique avant-gardiste new-yorkaise des années 1960 – mettant notamment en vedette de nombreux amis de Mekas de l’époque, dont Andy Warhol, John Lennon, Yoko Ono et le Velvet Underground – Walden est également un film familial, un enregistrement sincère et magnifique du quotidien. Présenté en deux parties.
L'avis de Tënk
Je visionne Walden au moins une fois par année depuis de nombreuses années. Souvent, je ne me rends pas plus loin que la bobine 1. C’est que les images de Mekas m’accompagnent souvent dans le sommeil. Je les invoque quand je me sens triste, et j’utilise leur pouvoir comme une potion, un poème incantatoire qui me permet de rester du côté de la lumière, qui me ramène dans le monde des vivants, habité par les fleurs, les enfants, les chats, et les bourgeons qui éclatent au printemps dans la ville. Il y a des œuvres charnières qui s’inscrivent en nous pour toujours, et qu’on doit revisiter sans cesse. On y revient comme à un premier amour obsédant, impossible à quitter. On voudrait bien évoluer, passer à autre chose, mais le cœur de ce qui nous préoccupe est trop tout entier contenu dans l’œuvre, impossible de détourner durablement le regard.
Il ne faut alors pas lutter, ni même chercher à comprendre. Il faut s’abandonner, accepter que l’amour et les larmes nous submergent. Laisser aller les jugements, les critiques, les postures théoriques ou morales. Tout part. Et ce qui subsiste en nous, une fois les crispations critiques passées, ce n’est que ça; la lumière et le mouvement, et la grandiosité de pouvoir vivre pour avoir ce privilège inouï de toucher ainsi, parfois, rarement, à ce qui s’apparente le plus à la grâce, ou à la béatitude.
Je ne sais pas pourquoi Walden me fait cet effet. C’est ainsi. Peut-être vous laissera-t-il indifférent·e ou agacé·e. Je ne veux pas faire de prosélytisme. Quand il est question d’amour, les mots, hélas, ne sont plus assez précis. Je vous souhaite simplement de connaître votre propre Walden et de vous y reposer quand la lumière vacille.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Voir la première partie de Walden