Résumé
Après s’être remise de la tuberculose, Mariam fait un cauchemar récurrent : elle est enfermée en haut des montagnes, au milieu de la forêt, dans un vieux palais où vivent des parias. Le bâtiment est majestueux mais les habitant·e·s sont rejeté·e·s de la société. Un jour, Mariam part à la rencontre de la communauté secrète pour vaincre sa peur. En se liant d’amitié avec les tuberculeux d’Abastumani et en partageant avec eux joies et peines, Mariam finit par vaincre sa peur. Mais Abastumani partage une histoire oubliée qui n’a jamais été racontée, les fantômes du passé révèlent quelque chose de bien plus sinistre que le cauchemar personnel de Mariam, ils exposent le cauchemar de tout un pays.
L'avis de Tënk
Dans Magic Mountain, Mariam Chachia et Nik Voigt explorent l’entrelacement complexe de l’histoire, de la mémoire et de la survie, sur fond de l’étrange et saisissant décor du sanatorium d’Abastumani en Géorgie, dédié à la tuberculose. Brouillant les frontières entre réalité et rêve, le récit débute par le parcours personnel de Chachia, sa guérison de la tuberculose et les cauchemars saisissants qui l’ont ramenée à Abastumani. Vestige en décomposition d’une époque révolue, le sanatorium s’impose comme un protagoniste spectral, incarnant les strates d’histoire et les défis contemporains d’une nation. À travers un mélange harmonieux de cinéma vérité et de narration éthérée, le film plonge les spectateur·trice·s dans la vie de ses patient·e·s, marquée par la maladie, l’isolement et l’invisibilité sociale. Leurs luttes se déroulent sous la menace imminente d’une démolition, alors qu’un riche oligarque projette de raser le sanatorium, effaçant à la fois sa structure et les souvenirs qu’il abrite. Magic Mountain se présente comme une élégie cinématographique réfléchissant au prix de l’oubli et au poids durable du souvenir. Le film invite à méditer sur la manière dont une nation peut réconcilier son passé tout en aspirant à construire un avenir porteur de sens.
Marlene Edoyan
Cinéaste et programmatrice