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17 jours
16 min
France, 1983

Production : INA
Français, Espagnol
Français

Essai



Résumé


Le cinéaste Raúl Ruiz est retourné dans sa ville natale au Chili et en a rapporté ce film tourné en Super 8. À travers la quête d’un mystérieux livre à la couverture rose, le cinéaste effectue une balade dans la ville de Santiago et dans ses faubourgs, dans sa maison natale et chez des amis retrouvés. En filigrane, le coup d’État de septembre 1973 et le régime d’Augusto Pinochet.

L'avis de Tënk


À travers un narrateur au statut frivole et, semble-t-il, volontairement fallacieux (celui d’un « amateur de bibliothèques »), Lettre d'un cinéaste ou le retour d'un amateur de bibliothèques se présente comme une potentielle série de lieux communs propres à ce que l’on peut attendre du retour en terre natale d’un exilé et qu’on pourrait d’abord croire pastichés ou autoparodiés par Raúl Ruiz : ici l’évocation du contexte bien réel de son départ sous Pinochet, puis du retour à sa maison d’enfance et de retrouvailles avec des camarades du passé plusieurs années plus tard. Mais sous cet aspect programmatique se met simultanément en branle la quête d’un souvenir, d’une couleur manquante, d’un livre puis d’un poème oubliés qui nous auront progressivement enfoncé dans la structure labyrinthique et protéiforme du Temps en tant que réalité, rêve intime et inconscient collectif. Le principe du retour trouvant son expression dans l’acte poétique, celui du film de Ruiz, mais aussi dans le poème perdu puis retrouvé que le narrateur y cherche ou prétend y chercher; un « livre rose » qui s’avère être un recueil du professeur et écrivain hispanochilien Juan Uribe Echevarría, que nous avons retrouvé et dont nous avons tenté de traduire le tout dernier vers tant il nous semble évoquer, en abîme, la double nature du souvenir qui est à la fois objet et sujet, destination consubstantielle à la quête de celui qu’elle anime ou tourmente : 

« Enfin, je vis un mollusque hors de sa coquille, et par les reflets du soleil qui ressemblait à un crépuscule; ce muscle brillant se mouvait avec détermination, mais perdait son éclat à cause de la densité du vent, et comme il ne trouvait pas de creuset, il disparut avec le jour. » *

 

Simon Galiero
Réalisateur, auteur et éditeur
du journal documentaire Communs.site

 

 

*Cantos a lo divino y a lo humano en Aculeo, pages 142-143, vers du répertoire de José Manuel Martínez, chanteur de Pintué.
 

 

 

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