Résumé
Un poème des plaines gelées du Groenland se mêle à la prose technologique d’une expédition polaire. L’espace blanc infini, plié par la glace, rappelle les millions d’années d’évolution et les décennies de notre effet négatif sur la planète. L’Arctique, brut et d’une beauté envoûtante, est un lieu magique où se mêlent les langues, les traditions, les sons et les mondes.
L'avis de Tënk
Je suis réellement comblée, lorsque philosophiquement, anthropologiquement ou cinématographiquement, on déménage et bouscule mon champ de vision d’humaine dans une autre perspective que la mienne. La mienne est intriquée dans une sorte de perspective objectivante et figée depuis des lunes dans une glace; cette glace a conservé une mémoire de la disjonction et du surplomb qui a de grandes tendances à silencier tout ce qui n’est pas nous, les humains.
Dans ce film, on a installé un grondement sonore provenant du temps long de la glace. Cette glace voit passer sur son littoral des scientifiques qui cherchent à percer ses mystères. Elle pense à haute voix et commente. Évidemment, ce n’est pas la glace qui scénarise ce récit filmique, mais cela a pour effet de nous introduire au perspectivisme et de poser cette question inaugurale: que dirait-elle si elle parlait vraiment?
Face à cette question qui demeure sans réponse, je suis comblée.
Si la langue Kalaallisut permet de traduire les présences qui parcourent la terre, il ne s’agit pas d’apprendre cette langue ou d’adopter une autre culture, encore moins de croire ou ne pas croire à ce qui habite l’invisible pour d’autres cultures. Il s’agit simplement d’une invitation à une méditation sur nos sensibilités.
« Les esprits sont partout où règne le silence. »
Sylvie Lapointe
Cinéaste