Résumé
Au bord du fleuve Congo s’étendent d’immenses carrières à ciel ouvert. Des hommes, des femmes et même des enfants travaillent ici. On y casse encore la pierre avec des marteaux et des barres de fer. À côté, une entreprise concurrente chinoise attaque le sol à grands coups d’explosifs.
L'avis de Tënk
Les mains nues nous transporte dans une carrière à ciel ouvert au sud de Brazzaville. Le pouvoir évocateur du son donne à entendre – et à imaginer avec effroi – les longues journées rythmées par les chants et le roc qu’on brise en espérant pouvoir se payer à manger, des sandales, ou le matériel requis pour ce difficile labeur: « Regarde mes mains. Elles sont nues, parce que je n’ai plus l’argent pour m’acheter des gants. Ma peau est dure, c’est trop dur pour caresser ma femme. Je ne peux pas la caresser ».
Profitant du fait que comme à chaque été le fleuve Congo est à sec, les hommes, les femmes et les enfants y cassent de la roche à longueur de journée en réfléchissant au triste sort qui est le leur alors que leur travail mal payé résonne à nos oreilles et ponctue leurs phrases.
Puis la nature des bruits change : un peu plus loin, une entreprise concurrente chinoise dispose d’outils et peut, elle, faire exploser le sol.
Finement conçu, le paysage sonore – où l’on passe du français au chinois au lari – nous laisse aussi entrevoir une nature menacée par l’extractivisme.
Comme partout ailleurs.
Jenny Cartwright
Documentariste et artiste audio