Résumé
Depuis les années 90, en France, à la faveur du plan contre le terrorisme Vigipirate, les barrières mobiles se sont propagées dans l’espace public pour en modifier et en réglementer ses usages. Originellement conçues pour des missions temporaires d’ordre public, elles ont été installées, de façon durable, dans les rues, les places, les parcs, devant les mairies, les écoles, les édifices religieux, les musées, etc., pour établir des périmètres sécurisés et contrôler les flux aux abords de ces lieux. Aujourd’hui, elles se retrouvent en première ligne du quotidien, et aux points chauds des événements dont elles en tracent les limites, les seuils.
L'avis de Tënk
À moins qu’ils ne défigurent la ville comme l’ont fait ceux mis en place à Québec lors du dernier Sommet du G7, on ne remarque que très peu les équipements de sécurité.
Dans Barrières mobiles, Eric La Casa s’interroge sur la place qu’occupent ces clôtures qui se fondent désormais dans le paysage urbain. Véritable passage obligé à Paris depuis les attentats des dernières années, on y a recours à toutes les occasions. Pour prévenir ou dissuader, et même pour célébrer : « pour faire fête, il faut une barrière : pour créer une file d’attente, un périmètre ».
Elles sont à la fois le sujet et le dispositif de son documentaire : les sons qu’on y entend sont le fruit de micros contacts installés sur ces barrières qu’on dit mobiles, même s’il n’est plus question de s’en passer. La Casa se demande ce qu’elles nous disent de la capitale française, des peurs réelles ou de celles qu’on a intérêt à exacerber. En les rendant audibles, il les soustrait à leur invisibilité : elles sont à nouveau concrètes.
À quelques semaines des Jeux olympiques – et de la répression qui en sera le lot – ce documentaire résonne particulièrement.
Jenny Cartwright
Documentariste et artiste audio