Résumé
En 2008, à la sortie de son livre Les années, Annie Ernaux est reconnue par une presse quasi unanime comme l’un des écrivains majeurs de notre époque. Pour elle, chaque chose, chaque lieu où chaque événement correspond à une époque de notre vie, que l’on transmet. Une vie, pour l’écrivain, est une expérience unique, mais aussi un lieu commun. Chez elle, il ne s’agit jamais d’introspection, ni d’une démarche narcissique, mais plutôt de la transmission d’une expérience de vie. Chacun de ses livres est lié à un endroit et à une thématique. Cette œuvre magistrale et singulière est aussi l’histoire d’une déchirure sociale et la traversée d’une époque.
L'avis de Tënk
Comme elle le fit 40 ans plus tôt avec Marguerite Duras dans sa maison de Neauphle-le-Château, Michelle Porte rencontre chez elle Annie Ernaux. Et là encore, de maisons et des lieux d’une vie, il est question.
Des ruines de la ville d’Yvetot après la guerre à la ville nouvelle de Cergy-Pontoise où elle s’installe en 1977; du café-épicerie que tenaient ses parents durant son enfance à la maison qu’elle habite désormais : Annie Ernaux dit l’importance des lieux, et tout particulièrement de cette maison où elle vit et écrit, qui lui permet « une forme d’immersion » dans son écriture et dans sa mémoire aussi.
La mémoire convoque ici les origines familiales et sociales de l’écrivaine et le retournement total qui a été le sien, puisque, de ce milieu familial, elle s’est éloignée avec une extrême violence – « jusqu’à penser détester mes parents », dit-elle. Cette violence est une dimension essentielle de son écriture. Sa parole la restitue ici avec une sensibilité à vif, avec force et fragilité.
« Il faut se contenter de la mémoire. C’est là où sont les choses, ce n’est pas ailleurs. »
Fabien David
Programmateur du cinéma
Le Bourguet de Forcalquier