Résumé
La personnalité et le talent de Ben Webster, le saxophoniste américain installé à Amsterdam, ont profondément marqué le cinéaste Johan van der Keuken. Légende vivante du jazz et du blues, c’est un homme violent et doux, généreux et angoissé. Filmant la relation de l’homme avec la musique, van der Keuken saisit la force cachée du musicien, disparu six ans après.
L'avis de Tënk
En 1967, le cinéaste a déjà réalisé quelques-uns de ses grands films. Big Ben relève d’une même écriture. À cette époque ses films sont non synchrones. Filmer la musique ou avec la musique, il le fera toute sa vie, mais ici, voilà celle qui le concerne le plus : le jazz. Il en avait déjà nourri L’enfant aveugle avec Archie Shepp puis Lucebert avec Coltrane et Willem Breuker — avec qui il collaborera toute sa vie. Mais voilà Ben Webster : la figure majeure du saxophone. Arrivé récemment en Hollande, ce géant de l’histoire du jazz est à son apogée. On remarquera dans ce film comment Keuken distribue ses sons sur ses images, et particulièrement dans quelle liberté de forme il y développe son écriture sonore. Comme beaucoup de ses films, celui-ci est un modèle qui, s’il fallait encore le prouver, nous révèle que l’absence de synchronisme favorise la poésie filmique.
Daniel Deshays
Ingénieur du son