Résumé
Un groupe de jeunes cinéastes demandent à des habitant·e·s de Casablanca leur opinion sur le cinéma marocain afin d’en produire un film. Durant le tournage, une dispute éclate entre un débardeur et son supérieur, entrainant la mort accidentelle de ce dernier. L’équipe de tournage, qui a filmé la scène, s’interroge alors sur le mobile de cet homme et sur le rôle que peut jouer le cinéma dans la société, et les formes qu’il peut prendre.
L'avis de Tënk
« L’artiste est un homme qui anticipe l’évènement. »
De quelques évènements sans signification est certainement un film compliqué; le produit d’une époque tourmentée ou du moins qui s’interroge. Le cinéma marocain cherche alors à se définir, à trouver une manière de se déployer librement tandis que le Maroc se retrouve de plus en plus isolé, en pleines « années de plomb » sous le règne du roi Hassan II. Avec son premier long métrage, Derkaoui entreprend une remise en question du rôle-même du cinéma et revendique le positionnement du médium comme liant social, idéologique. C’est un film-manifeste, mais c’est aussi un film comme un cri; un cri à l’aide, un cri de rage devant une répression politique qui enlise la société marocaine dans un vide culturel et intellectuel. Un méta-film où récits et genres s’entremêlent. Film-labyrinthe polyphonique, De quelques évènements sans signification demeure toujours en ce flou qui sépare le triomphe du cinéma de sa capitulation.
Charlotte Lehoux
Programmatrice