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41 days
111 min
Québec, 1968

Production : ONF / NFB
Français

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Synopsis


Troisième long métrage de Pierre Perrault à l’Île aux Coudres, Les voitures d’eau aborde le problème des constructeurs et navigateurs de goélettes de bois, à l’heure des bateaux de fer, de la concurrence internationale et des monopoles. Hommes de la mer, aussi habiles en actes qu’en paroles, les capitaines des dernières goélettes du fleuve vivent la fin d’une ère artisanale dans laquelle leurs fils ne pourront plus trouver place. La première partie du film théorise les connaissances et les richesses humaines et verbales liées à cette science des bateaux de bois. La seconde partie, bilan d’une tragique saison de navigation sur le Saint-Laurent, pose les questions majeures de l’intégration économique et politique des Canadiens français.

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Après la pêche au marsouin et la quête des ancêtres jusque dans l’Ancien Monde, Perrault clôt sa trilogie de l'Île-aux-Coudres par la condition primordiale de l’îlien, celle du navigateur. Aucun pont pour se relier à la terre ferme, seulement qu’un navire, qu’une voiture d’eau. Et ce champ lexical automobile n’est pas anodin, la condition des habitant·e·s de l’île telle que captée par le cinéaste étant une fois de plus confrontée au progrès moderne — à l’évolution des moyens de transport, terrestres comme maritimes. Et la mémoire menacée s’exprime une fois de plus dans un présent tendu par la parole. Car c’est cette parole, chez Perrault, qui vient combler le besoin de dire ce qui glisse entre les doigts. Et cela mène les marins à des discussions étonnantes, d’une introspection bouleversante d’acuité sur leur condition et sur le legs de cette tradition. Aucune nostalgie romantique lorsqu’ils s’insurgent, par exemple, contre leur manque d’instruction… Et qu’ils se consolent pour leurs enfants, qui, contrairement à eux, sont « allés à l’école, sont sortis en 10 ou en 12e année, savent où aller. » Mais ces enfants, sortiront-ils de l’île? Déserteront-ils cette condition trop difficile qu’ont vécue leurs pères et leurs mères? Rejoindront-ils, pour un meilleur gagne-pain, les navires de fer de ces grandes compagnies, métaphore du Canada français immergé dans l’océan anglophone?

Les voitures d’eau est sans doute le film le plus politique de la trilogie – politique au sens le plus philosophique du terme –, les insulaires agissant comme de véritables timoniers. Comme dans La République de Platon, ils ont entre les mains un gouvernail et débattent de la trajectoire de leur sort collectif dans ce film-navire-agora. Dans un monde de plus en plus automatisé, divisé, écranisé, dans nos bolides de fer et d’acier, admirons la souplesse de ces voitures de bois, de cœur et de parole.




Emmanuel Bernier
Responsable des acquisitions chez Tënk
et drôle d'oiseau

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