Synopsis
Dans une Amérique plus divisée que jamais, Detroit, ville fantomatique, révèle la face sombre du rêve américain. Dans une des nombreuses maisons abandonnées vit une vieille femme, Jazz. Elle chante des vieux morceaux de Billie Holiday, des histoires d’amour tristes, des destins déchus, des passions déchirantes. Sur son porche, elle regarde le temps qui passe, loin du chaos qui secoue son pays. Son rite est immuable. Tous les jeudis, elle retrouve ses amis dans un club de jazz et elle chante. Sa voix brisée rayonne. Un destin oublié, enfin mis en lumière grâce à Arno Bitschy.
A word from Tënk
Avec en filigrane l'élection étatsunienne de 2016, Jazz, portrait d'une âme oubliée s'ouvre sur les voix de Barack Obama (enregistrement de 2008) et de Donald Trump. Mais Arno Bitschy, cinéaste français, laisse rapidement de côté la politique pour s'intéresser de près à une ville qui tombe en décrépitude − montrée par de longs travellings qui dévoilent le triste état des lieux −, à la communauté noire qui l'habite et, surtout, à cette femme modeste. L’aspect très réaliste, voire brutal, du gros plan muet de son visage contraste d’ailleurs avec les beaux discours des deux politiciens. Bitschy filme toujours son sujet avec beaucoup d'empathie, de pudeur et de respect. Bien que la musique ne soit pas à l'avant-plan du documentaire, elle reste primordiale puisque « Jazz » ne (sur)vit que pour interpréter sur scène les chansons de son idole, notamment l'immense Strange Fruit. Portrait déchirant d'une femme meurtrie mais forte et d’une Amérique en perdition, le film émeut très fortement, surtout après la lecture des mots qui le concluent.
Jean-Philippe Desrochers
Critic