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46 jours
54 min
France, 2022

Production : Baldanders Films
Français
Anglais

Environnement



Résumé


Composé de scènes musicales à la fois graves et drôles, Langue des oiseaux explore les vertus de la traduction et le désir de communication entre les humains et les oiseaux. Raconté par une narratrice depuis le futur, après la sixième extinction, le film observe de manière curieuse et sensible les tentatives menées pour établir un échange possible.

L'avis de Tënk


Saviez-vous que les émeus mugissent? Il s’agit d’une sorte d’un grognement roulant, rocailleux qui comporte parfois une tonalité légèrement aiguë. Un son qui rappelle la langue des vélociraptors, celle qu’on entend dans Jurassic Park III, alors que le professeur Grant, fasciné et bouleversé, perçoit pour la première fois le chant de la cavité sinusale du bipède préhistorique au long cou. C’est un vocabulaire similaire que j’ai pu découvrir lors de l’éclipse du 8 avril dernier, tandis que je me trouvais dans la «Zone» de totalité avec quelques-uns de ces grands oiseaux.

Malheureusement, l’on ne retrouve pas d’émeus dans Langue des oiseaux, mais on entend miraculeusement une fauvette à tête noire. Cette séquence est d’autant plus prodigieuse puisque le récit de science-fiction/documentaire s’inscrit dans un futur postapocalyptique où l’ornithologie est devenue en quelque sorte une branche de la paléontologie. C’est dans ce contexte que les humains du film de Bullot s’évertuent patiemment et ardemment à écouter, imiter, chanter, crier, vocaliser, transposer et ultimement traduire la langue des oiseaux, ces êtres ayant disparu depuis ce que l’on nomme la sixième extinction.

Séparés des oiseaux par la vitesse du temps, comme l’énonce la narratrice, certain·e·s iront jusqu’à traverser le mur du son, d’autres travailleront avec illustrations, lignes, signes, symboles, onomatopées ou encore avec partitions musicales pour saisir la grammaire de cette langue. S’illustre ainsi une panoplie de tentatives de restitutions et restaurations pour rendre aux oreilles ce qui a été perdu. De manière tout à fait brillante, cette polyphonie d'expériences s’avère analogue à la mise en scène de Bullot qui joue et tisse habilement ensemble les différents niveaux de mise en abyme, le tout sous un ton à la fois solennel, cocasse et chaleureux. En toute simplicité s’élève une œuvre vive, sensible et ingénieuse, qui nous invite à aiguiser notre acuité auditive pour mieux saisir l’urgence climatique et les langues animales dont les paroles se dissipent peu à peu.


 

Matthew Wolkow
Cinéaste et curieux de métier

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